1903 à 1921 : premières visites et explorations de Norbert CASTERET (grotte de Montsaunes, gouffre du Poudac-Gran)
En 1903, à l'âge de cinq ans, Norbert CASTERET "visite" en famille la grotte de Bacuran dans les gorges de la Save, près de Boulogne-sur-Gesse (Haute-Garonne).
A l'âge de onze ans, il explore en solitaire les grottes de l'Escalère près de Saint-Martory.
Dès l'âge de 12 ans, il fut attiré par les cavernes. Une des premières recherches, couronnée de succès, de Norbert Casteret, est la découverte, sur le plateau de l'Escalère, qui domine Saint Martory, d'une station préhistorique néolithique (haches et silex), devenue par la suite un oppidum gaulois, connu mais non identifié jusque-là, répondant au nom de Calaguris. Norbert Casteret écrivit un rapport sur cette trouvaille qui fut authentifiée par Camille Jullian, professeur au Collège de France, auteur entre autres de « l'Histoire de la Gaule ».
En 1911, sur les conseils du préhistorien Emile CARTAILHAC, il visite la grotte d'Aurignac.
En compagnie de son frère Martial agé de 8 ans, il explore la grotte de Montsaunès, à 3 kilomètres de Saint-Martory.
En 1912, il descend en solitaire dans le gouffre du Poudac-Gran, après avoir installé une corde lisse dans le premier puits d'entrée, de 35 mètres, et découvrir une salle souterraine, un lac et des restes osseux du terrible ours des cavernes.
Au retour de la première guerre mondiale, il explore des grottes en Haute-Garonne et en Ariège en compagnie de son frère Martial, d'Henry GODIN, Paul DUPEYRON et Roger MARRAST.
Il participe aux fouilles des grottes préhistoriques de Marsoulas et du Tarté (près de Salies-du-Salat).
En 1920, il entame une première reconnaissance dans la grotte de Moulis (Ariège).
En 1921, Norbert CASTERET fait la connaissance du Comte Henry BEGOUEN, successeur d'Emile CARTAILHAC à la chaire de préhistoire de la Faculté des Lettres de Toulouse.
Il participe au Congrès International d'Anthropologie en Ariège avec la visite des grottes du Mas d'Azil, Niaux, Bédeilhac et du Portel.
La même année, il poursuit la désobstruction de la grotte de Montsaunès qui passe de 240 à 700 mètres environ.
1922 à 1924 : grotte de Montespan, oppidum gallo-romain de Calagurris.
En 1922, alors qu'il a quelques années d'expérience spéléologique dans les cavités pyrénéennes, Norbert Casteret s'engage dans la galerie d'une résurgence située au village de Montespan (Haute-Garonne).
Selon les déclarations des villageois, après une soixantaine de mètres la galerie est totalement inondée. Casteret parvient en effet à un siphon qu'il parvient à franchir en se risquant à plonger en apnée, sans éclairage, avant de faire aussitôt demi-tour. Le lendemain, il est de retour dans la galerie avec des allumettes et plusieurs bougies de réserve gardées à l'abri de l'eau, franchit de nouveau le siphon puis plus loin un second, mettant au jour le parcours souterrain de la rivière sur 1 500m jusqu'à approcher sa perte en amont, toutefois infranchissable.
Un an plus tard, en 1923, accompagné d'un camarade, Henri Godin, il explore de nouveau la cavité. Dans une galerie sèche, il met au jour un silex taillé, ce qui lui indique que la grotte a été occupée par des hommes préhistoriques ; un outil abandonné si loin sous terre indique probablement que la cavité a été utilisée pour l'art pariétal. En effet, les deux explorateurs ne tardent pas à découvrir des statues moulées en argile, ainsi que des gravures.
Accompagné du Dr CAPITAN du Collège de France, du Professeur SOLAS, de l'Université d'Oxford, de l'abbé BREUIL... il visite la grotte pour faire part de sa découverte.
Celle-ci a un écho considérable tandis qu'à l'époque seules sont connues deux statuettes de bisons mises au jour en 1913 par le comte Begouen au Tuc d'Audoubert (Ariège). La grotte de Montespan comporte une trentaine de représentations d'animaux en argile : chevaux, lions, ainsi qu'un corps d'ours des cavernes acéphale dont la tête est formée par un crâne d'ours. Ces statues comportent de nombreuses traces de sagaies. Une cinquantaine de gravures sont présentes sur les murs de la cavité. Tous ces vestiges sont rapportés au Magdalénien (-20 000 ans).
Norbert CASTERET relate cette découverte en 1933 dans son premier ouvrage Dix ans sous terre.
En 1924, il découvre l'oppidum gallo-romain de Calagurris à Saint-Martory.
1926 à 1929 : grotte glacée Casteret, grotte du Marboret, grotte des Isards, rivière souterraine d'Izaut, grotte de Girosp, grotte d'Alquerdi...
Le 25 juin 1926 une petite caravane quittait le village de Gavarnie, perché à 1370 mètres d'altitude, et cheminait sur le sentier, long de cinq kilomètres, qui relie le village au célèbre cirque. La cordée était composée d'Elisabeth, de Norbert et de son frère Martial ainsi que leurs mère ; l'objectif : l'ascension du Mont Perdu et, accessoirement, la recherche de grottes ou de gouffres, toujours possibles dans un massif exclusivement calcaire. "Les promeneurs avec lesquels on a cheminé de conserve depuis le village sont en droit de se demander s'il est bien utile de porter des chaussures spéciales, des sacs rebondis et des piolets pour visiter le cirque de Gavarnie. Nous allons escalader les parois du cirque par les échelles de Sarradets". Pris dans une tempête et transis par la neige qui tombe, ils se réfugient versant espagnol dans une minuscule grotte baptisée "Villa Gaurier", du nom du glaciologue qui la découvrit en 1906 et en référence avec la fameuse Villa de Russel. Dans ses mémoires, Casteret nous rappelle que six skieurs toulousains y passèrent six nuits en hiver 1923, bloqués par le mauvais temps, (sans que la presse ne se déchaîne).
Le lendemain, depuis le col des Isards, Casteret repère quelque chose qui ressemble à un porche de caverne. Evidemment, il s'y rend pour vérifier et découvre effectivement un porche d'environ trente mètres de large qui permet l'accès à un décor parmi les plus étranges et les plus rares : un lac glacé et, au-delà, venait des entrailles de la montagne, un fleuve de glace horizontal, de vingt à trente mètres de large. Mal équipé, le groupe poursuivra vers le Mont-Perdu mais Norbert Casteret et son épouse reviendront un mois plus tard pour effectuer l'exploration et la traversée de cette grotte. A cette occasion, il découvrira également les grottes du Marboré qu'il reviendra visiter en juillet 1950 et qu'il appellera les Grottes des Isards.
La découverte de la grotte glacée de Gavarnie, la plus haute connue, eut un certain retentissement dans la presse, mais surtout dans le monde des alpinistes. Le comité scientifique du Club Alpin Français, vivement intéressé, attacha le nom de son inventeur à cette extraordinaire caverne qui devint la Grotte Glacée Casteret.
En mai 1927, il explore la rivière souterraine de Juzet d'Izaut (Haute-Garonne) sur environ 1 kilomètre, mais s'arrête devant un siphon qui sera franchi, plusieurs années après, par des spéléos super équipés. Ce siphon sera suivi de six autres obstacles identiques.
En 1928, Norbert CASTERET entame sa première campagne spéléologique dans lemassif de la Maladetta sur le versant espagnol des Pyrénnées,destinée à résoudre le problème de la source de la Garonne. Il explore plusieurs cavités dont les grottes de l'Escaleta et du Toro.
La même année,Norbert CASTERET explore après desobstruction jusqu'à -35m, à la corde lisse, le puits de Ger (Aspet).
En septembre, dans la grotte de Girosp, Norbert CASTERET et sa femme découvrent une quantité considérable d'ossements humains d'adultes et d'enfants, restes probables des victimes de Pompée, général romain qui faisait emmurer et enfumer dans des grottes les malheureux gaulois tombés en son pouvoir.
En 1929, dans la grotte d'Alquerdi, au Pays Basque espagnol, Norbert CASTERET découvre des gravures magdaléniennes: chevaux, bisons…
Il mène également une deuxième cmpagne dans la Maladetta. Après desobstruction, il progresse de 410 mètres dans la grotte de l'Escaleta (Aragon).
Il procède également à la desobstruction de la grotte de Gouillou (Haute-Garonne).
1930 à 1933 : grotte de Labastide, source de la Garonne, grotte de la Cigalière, gouffre Martel...
En avril 1930 dans les Baronies (Hautes-Pyrénées), Norbert CASTERET explore la grotte de Labastide. Il y découvre de nombreuses gravures sur plaquettes calcaires et sur les murailles rocheuses (dont un grand cheval rouge de 2,15 m de long), un masque humain, une silhouette d'anthromorphe, denombreux grands chevaux, bisons, oie, tête de lion rugissant...
En mai, il découvre et explore la grotte de Cagire qu'il désobstrue sur 1 500 mètres. Il poursuivra l'exploration de cette grotte jusqu'en mars 1932.
Toujours en 1930, il mène la troisième campagne d'exploration dans la Maladetta, il visite avec l'abbé BREUIL la grotte de Labastide, il effectue les premières reconnaissances du gouffre de la Henne-Morte dans le massif d'Arbas (Haute-Garonne).
Enfin, il explore le Goueil di Her, résurgence du futur réseau Trombe avec une tentative de plongée du siphon en apnée.
En 1931, Norbert CASTERET atteint - 65 mètres dans le gouffre du Pont de Gerbaut en compagnie de Robert de JOLY.
Depuis 1928, après une longue étude du massif des Monts Maudits, des bassins versants et des affluents, Norbert CASTERET est convaincu de l'hypothèse selon laquelle les eaux du Trou du Toro font résurgence dans le val d'Aran et constituent la Garonne naissante.
Le projet d'une compagnie espagnole de détourner les eaux du Trou du Toro pour créer une usine hydro-électrique presse le spéléologue de démontrer l'hypothèse, puisque le captage priverait en aval la Garonne de la moitié de son débit et aurait des conséquences importantes en France. Grâce au soutien d’Alfred Lacroix, secrétaire de l’Académie des sciences, d’Edouard-Alfred MARTEL, à des subventions de l'Académie des Sciences, du Conseil Général de Haute-Garonne et au montant du prix Martel reçu par CASTERET, il réunit la somme nécessaire à l'achat d'une quantité suffisante de fluorescéine pour mener une expérience de coloration.
Le 19 juillet 1931, soixante kilos de fluorescéine sont déversés au trou du Toro par Norbert et Elisabeth CASTERET. À l'arrivée de l'équipe au val d'Aran quelques heures plus tard, ils découvrent la résurgence colorée en vert et prouvent ainsi la communication.
Les eaux de la Garonne parcourent ainsi quatre kilomètres sous terre pour passer du bassin versant de la Méditerranée à celui de l'océan Atlantique. L'expérience met un terme au projet de détournement.
En 1932, la compagnie Union Pyrénéenne Electrique (qui deviendra plus tard E D F), charge Norbert CASTERET d'enquêter sur un torrent qui échappe à un projet de barrage en Ariège, dans le cirque de Lez à 2 200 mètres d’altitude. La résurgence située sous un éboulis étant impénétrable, Norbert CASTERET investigue les alentours et découvre le porche d'une grotte dans une falaise, qu'il baptise La Cigalère.
En mai, il découvre et désobstrue lagrotte de Coume-Nère (Saint-Bertrand-de-Comminges) avec Bertrand ABADIE.
En juillet, surlamême commune, il explore avec Robert de JOLY l'aven de la Spuguette
Il reprend ensuite l'exploration de la Cigalière. Avec l'aide de son épouse Elisabeth et des membres de la compagnie électrique il remonte plusieurs cascades et découvre une importante quantité de formations cristallines de gypse et de calcite, dont la beauté et l'abondance surprennent l'équipe. Le nombre des cascades – sept – et la température glaciale de l'eau rendent difficiles une exploration plus lointaine qui s'arrête au pied de la huitième cascade.
Toujours en 1932, il étudie les circulations souterraines du gouffre de l'Embudo de Liat (Val d'Aran, Espagne) à la résurgence d'Ardan (France) et à celle d'Arros (Espagne).
En 1933, Norbert CASTERET déplace ses recherches vers la perte du torrent découvert lors de l'exploration de la Cigalière. À 2 710 mètres d'altitude, il trouve l'entrée d'un gouffre. Aidé de sa femme et de camarades, il l'explore jusqu'à une profondeur de 303 mètres ce qui constitue en 1933 le gouffre le plus profond de France.
Cet abîme, que Norbert CASTERET baptise gouffre Martel (en hommage au savant Édouard Alfred MARTEL, spéléologue, conseiller de Norbert CASTERET, et en même temps, en grande partie son maître à penser) communique avec la grotte de la Cigalère. Un tunnel souterrain est construit pour capter les eaux du gouffre Martel et permettre ainsi l'achèvement du projet de barrage. Ce grand gouffre de 303 mètres de profondeur restera, plusieurs années durant, « l'abîme le plus profond de France » ;
La même année, dans la vallée du Salat, Norbert CASTERET explore la grotte dite de Peyort. Il y découvre des gravures qui l'intriguent beaucoup, car elles ne sont manifestement pas préhistoriques : nombreux graffitis au plafondsurbaissé de la salle d'entrée, étoiles à cinq branches, roue solaire, animaux stylisés, grimoires de sorcier... Norbert CASTERET les associe à des pratiques de sorcellerie, qui pourraient remonter à l'âge du fer. L'Abbé BREUIL et Camille JULLIAN approuvent.
Il explore également la grotte de Taurignan en Ariège sur 850 mètres, et reprend l'exploration de la grotte de Labastide sur 1 340 mètres.
1934 à 1938 : Djebel Messaoud et Daïa Chikker (Maroc), eaux de la Touvre, grotte et gouffre de Houaliech, grotte de Labouiche, gouffre d'Esparos
En juin 1934, Norbert et Elisabeth CASTERET partent au Maroc. La ville de Taza a chargé Norbert CASTERET d'explorer le Djebel Messaoud et la Daïa Chikker. Pendant quarante-cinq jours ils vont, sans se lasser, sonder les avens et les grottes susceptibles d'être exploités pour attirer les touristes dans cette région du Moyen Atlas, et aussi pour trouver une solution valable à l'angoissant problème de l'approvisionnement en eau de la ville de Taza.
Les principales cavités explorées sont le Kef Friouato (- 125 m), le Kefel Sao (- 144 m), l'Ouled Ayad (- 117 m) etla grotte du Chiker.
La même année, il explore le puits de Boucou à Sauveterre (Haute-Garonne) avec Madame ARTIGUE et Jean LACROIX jusqu'à - 123 mètres.
Il explore ensuite le puits de Pène Toue (- 55 m) et le puits de la Passade (- 20 m) à Ourde (Hautes-Pyrénées).
Lors d'une nouvelle exploration de la grotte de Labastide, Norbert CASTERET franchit le siphon terminal en apnée.
Il explore sur 1 400 mètres la grotte de Peillot à Cazavet (Ariège).
En compagnie d'Elisabeth, Norbert CASTERET escalade cinq cascades dans la Cigalière, gagnant ainsi 46 mètres en hauteur.
Il atteint ensuite - 225 mètres dans le gouffre Martel.
Il atteindra finalement le fond de ce gouffre à - 303 mètres en 1935, ce qui sera considéré à l'époque comme la plus profonde cavité de France.
C’est également en 1935 que Norbert CASTERET se rend à Angoulême où lors d’un Cercle littéraire de la ville un colonel qui se pique de radiesthésie lui remet une lettre qui le laisse presque sans voix. « Les eaux de la Touvre, découvre-t-il ébahi, viennent de la Scandinavie »… Le 6 janvier suivant Norbert CASTERET donne son accord pour explorer la Touvre. Voilà comment nous devons une grande partie des recherches et études sur la Touvre à Norbert CASTERET.
En 1936, il descend dans les gouffres basques d'Utciapa et de Heyle (verticale de 150 mètres) avec Max COSYNS et Vander ELST.
Il découvre des prolongements dans la grotte de Barouty ou nouvelle grotte du Quéroy (Charente). Ilexplore le Pont de Gerbaut (réseau Trombe) jusqu'à - 100 mètres avec Robert de JOLY.
Il procède cette année là au premier baguage de Chauves-souris dans la grotte des Tignahustes (Haute-Garonne).
Il explore également la grotte de Houaliech, vaste grotte, intéressante et variée, dans la région de Cagire (Haute Garonne). Juste à côté, le gouffre de Houaliech, au fond duquel Norbert CASTERET découvre un ossuaire animal, véritable charnier composé de charognes, malheureuses bêtes jetées là, malades ou blessées, par des paysans ignorants. Norbert CASTERET s'y blessera à la main et y récoltera un phlegmon dont les suites le gêneront toute sa vie.
En 1937, Norbert CASTERET explore, en compagnie de Joseph DELTEIL, menuisier à Foix, la grotte de Labouiche, près de Vernajoul, en Ariège, déjà connue, et que l'on désire exploiter pour le tourisme. Il remonte la rivière souterraine sur 3 500 mètres environ et s'arrêtera devant un siphon. Exploration dure et fatigante.
En 1938, avec Élisabeth, et son ami Germain GATTET, Norbert CASTERET découvre et explore le gouffre grotte d'Esparros, dans les Baronies (Hautes Pyrénées). Tous trois vont parcourir la plus belle, la plus fabuleuse grotte à concrétions jamais vue jusqu'à ce jour. Cette exploration durera plusieurs mois, avec chaque fois de nouvelles trouvailles, déclenchant l'admiration et l'enthousiasme de nos héros.
Il fini l'exploration de la Cigalière à + 170 mètres environ.
1940 à 1945 : rivière souterraine d'Aliou, gouffre de la Henne-Morte
En 1940, Norbert CASTERET explore la rivière souterraine d'Aliou sur la commune de Cazavet (Ariège) et la grotte de Massabielle, ou grotte de Lourdes.
La guerre a éclaté, et Élisabeth, la fidèle compagne de Norbert CASTERET est morte en donnant le jour à son cinquième enfant. La vie est très changée. Plus de voiture, un ravitaillement qui devient de jour en jour plus difficile, les soucis et les tracas de l'éducation d'une famille nombreuse (dont deux bébés), rien n'abat le courage et la détermination de Norbert CASTERET. Faisant les marches d'approche à bicyclette ou avec sa petite « pétrolette », il continue. Avec ses enfants Raoul et Maud, il explore le Sarrat dech Méné qui deviendra une entrée supérieure du gouffre de la Henne-Morte.
En 1941, et pendant toute la durée de la guerre, Norbert CASTERET s'attaque au Gouffre de la Henne Morte, dans le Massif d'Arbas. C'est un gouffre très profond, qui recèle de violentes cascades. Marcel LOUBENS, Josette SEGOUFFIN et Raoul, le fils de Norbert CASTERET, font partie des expéditions, avec de plus en plus de camarades, ces expéditions exigeant beaucoup de main d'œuvre. Chaque séance dure plusieurs jours. Essayons d'imaginer ces jeunes gens, arrosés, trempés par les cascades, mal nourris… Certains arrivent avec des gamelles de « fayots », ou de patates bouillies, qui doivent durer jusqu'à la fin de l'épisode. Quelques-uns, pour ne pas rester dans l'humidité des vêtements trempés, se sont décidés à descendre presque nus ! En 1943, l'expédition se termine tragiquement: victime d'une chute, Claude MAUREL s'est fracturé le bras, et Marcel LOUBENS, en lui portant secours, a reçu un rocher détaché de la paroi. Il a l'épaule fracassée, et plusieurs côtes cassées ! La remontée, avec passage d'une chatière, durera treize heures !
Le 23 juin 1942, Norbert CASTERET avec Germain GATTET et Marcel LOUBENS participe au premier radio-reportage souterrain dans le gouffre d'Esparros, réalisé par Pierre BEAUVAIS.
En 1945, Norbert CASTERET aidé de son fils Raoul fait une nouvelle tentative de plongée avec masque LE PRIEUR, au Goueil di Her sur 12 mètres.
1946 à 1951 : gouffre de la Henne-Morte, cinq grottes découvertes sous la Tour du Marboré, grotte de Bara Baou (Dordogne), grotte de Tibiran
En 1946, à la fin de la guerre et après la Libération, Norbert CASTERET remet ça à la Henne Morte, épaulé par le Spéléo Club de Paris dirigé par Félix TROMBE.
En 1947, enfin, ils atteignent le fond du gouffre, à une profondeur de -446 mètres, ce qui en fait alors le gouffre le plus profond de France. Norbert CASTERET fête ses 50 ans durant l'expédition.
En 1948, il visite en compagnie del'abbé Dominique CATHALA et de Louis MEROC la grotte d'Aldène (Herault), repaire de la hyène des cavernes avec de nombreuses empreintes humaines de l'époque aurignacienne.
En 1950, au Goueil di Her, Norbert CASTERET alors agé de 53 ans tente un nouvel essai de plongée du siphon en apnée et en solitaire.
La même année, Norbert CASTERET, accompagné de ses filles Maud et Gilberte, errent dans les étendues désertiques et les lapiaz, en Espagne, derrière le Cirque de Gavarnie. Après avoir visité la Grotte Casteret, ils explorent systématiquement les trous qui se trouvent au pied des barres rocheuses, sous la Tour du Marboré. Successivement, ils découvrent une, puis cinq grottes entièrement glacées, à environ 2700 mètres d'altitude. Ce sont de très belles grottes, avec de belles concrétions de glace, mais très hostiles, et pour tout dire assez terrifiantes.
En 1951, Norbert CASTERET est en Dordogne, avec ses enfants Raoul et Maud. Ensemble, ils visitent la grotte de Bara Baou, déjà connue. Très vite, Maud découvre une première gravure préhistorique, suivie de plusieurs autres: chevaux, aurochs, bisons etc…, authentifiées par la suite par l'Abbé BREUIL.
La même année, dans la grotte de Tibiran, pourtant bien connue de Norbert CASTERET, il découvre encore une jolie gravure représentant un cheval, une tête de bouquetin, un ours dont la tête et les pattes sont des reliefs naturels, des empreintes de mains négatives ocresaux doigts mutilés.
1952 à 1954 : gouffre de la Pierre Saint-Martin
En 1952, Norbert CASTERET, toujours sur la brèche, explore au Pays Basque, avec le physicien Max COZYNS, le Gouffre de la Pierre Saint Martin, énorme complexe hydrogéologique qui commence, aux environs de 2000 mètres d'altitude, par une verticale absolue de 346 mètres !
Il y a là la fine fleur de la spéléologie pyrénéenne et nationale: Joseph DELTEIL, le fidèle compagnon, Marcel LOUBENS, (blessé précédemment à la Henne Morte), le docteur MAIREY (seul rescapé d'une inondation, mortelle pour ses cinq compagnons, dans une rivière souterraine du Jura), Haroun TAZIEF, plus connu pour ses activités sur les volcans; Jacques ERTAUD, le cinéaste Georges LEPINEUX, l'inventeur du gouffre, le palois José BIDEGAIN, etc…
La descente de l'énorme verticale est assurée à l'aide d'un treuil et d'un câble d'acier. Malheureusement un terrible accident se produit : Marcel LOUBENS fait une chute terrifiante, et s'écrase au fond du gouffre. Il va agoniser pendant trente-six heures et mourra sans avoir revu le jour. Il est inhumé au fond et l'expédition est interrompue.
En 1953, Norbert CASTERET a été désigné, avec Robert LEVI, pour diriger la campagne. Ils désirent remonter le corps de Marcel LOUBENS, mais constatent rapidement que cela est impossible encore. Par contre, l'exploration reprend, dans les salles gigantesques et des chaos dantesques.Ils atteignent - 689 mètres au fond de la salle de la Verna (record du monde).
En 1954, nouvelle descente dans le gouffre, sous la direction des mêmes. Cette fois-ci, au prix d'énormes efforts, le corps de Loubens est remonté à la surface et rendu à sa famille. Simultanément, l'exploration se poursuit en amont de la cavité sur 1 000 mètres environ.
1955 à 1964 : grotte de la Cigalière, Coume Ouarned (massif d'Arbas), gouffre de la Pierre Saint-Martin
En 1955, Norbert CASTERET se joint à deux équipes de spéléos (belges, et français d'Aix en Provence), pour reprendre l'exploration de la grotte de la Cigalière. Grâce à leur courage et à leur acharnement, ils arrivent au fond, après avoir parcouru 3 132 mètres et remonté cinquante-deux cascades !
La même année, Norbert CASTERET participe à une expédition franco-anglaise (Cave DivingGroup et les Tritons lyonnais) au siphon de la rivière souterraine de Labouiche.
En 1956, Norbert CASTERET participe aux expéditions de la Coume Ouarnède, dans le Massif d'Arbas. Il est accompagné de sa fille Raymonde. Il soutient le moral de l'équipe, et lorsqu’il ne peut pas descendre, il est de faction au téléphone de surface, et ne dédaigne pas de donner un coup de main à la cuisine pour l'épluchage des patates. Cette expédition permet la découverte du Trou du Vent (- 75 mètres).
A la fin de l'année 1956, Norbert CASTERET participe à un camp souterrain dans la grotte des Canalettes (Pyrénées orientales) avec l'Entente Spéléologique du Roussillon et le Spéléo-club de Prades.
En 1957, il participe à une nouvelle campagne dans le massif d'Arbas. Il découvre le gouffre Raymonde et l'explore jusqu'à - 195 m avec le concours du Groupe Spéléo Provence. Le gouffre Raymonde sera relié en 1964 au Trou Mile (réseau TROMBE).
En 1958, Norbert CASTERET participeà l'exploration du gouffre Pierre dans lemassif d'Arbas avec le Groupe Spéléo Provence. Ils atteignent - 515 mètres.
La même année, Norbert CASTERET et sa fille Raymonde ainsi que Jose BIDEGAIN, Joseph DELTEIL, Georges LEPINEUX participent au premier reportage télévisé en direct dans la grotte de Bédeilhac (Ariège) présenté par Georges de CAUNES.
En 1959, au cours d'une nouvelle campagne dans le massif d'Arbas, Norbert CASTERET découvre le puits del'If qui sera relié le 9 octobre de la même année au gouffre Raymonde. Il découvre également le puits des sapins qui sera lui aussi relié au gouffre Raymonde.
En 1960, Norbert CASTERET participe à l'expédition qui réussit la jonction entre le Trou du Vent et le gouffre Pierre, ce qui donne au réseau TROMBE, la profondeur de - 611 mètres. Norbert CASTERET, alors âgé de 63 ans est descendu à - 200 mètres).
En 1961, il participe à la jonction du puits Francis au gouffre Raymonde en compagnie de Francis BUGAT.
En 1962, E D F pratique le creusement d'un tunnel, qui, parti de la région des Gorges de Kakouetta, débouche dans l'immense salle de la Verna, au fond du Gouffre de la Pierre Saint Martin. Les spéléos passent désormais par là pour accéder au gouffre. Norbert CASTERET participe encore aux expéditions : il a soixante-cinq ans.
En 1964, il découvre avec Francis et Emile BUGAT le gouffre de Peyraghila sur la commune d'Herran (Haute-Garonne). Ils s'arrêtent à - 13 mètres.